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23 avril 2008

« Il n’y a jamais que les sots qui écrivent autrement que pour de l’argent ».

« Il n’y a jamais que les sots qui écrivent autrement que pour de l’argent ».

Cette déclaration imprudente de Samuel Johnson (moraliste anglais du XVIIIème siècle) est rapportée par Harold William Tilman (alpiniste anglais du XXème siècle) dans le récit qu’il fait de la tentative d’ascension de l’Everest de 1938.

HW Tilman écrit un livre sur l’expédition qu’il dirigeait et qui n’est pas parvenue au sommet ; il publie son ouvrage et estime qu’il doit justifier sa démarche.  Je résume : les alpinistes écrivent des livres pour financer leurs expéditions. Dans son premier chapitre, (au détour d’un développement passionnant et fondateur sur l’intérêt des expéditions légères), il parle d’écriture, regrette un peu son geste et cite Mallory (alpiniste anglais du XXème siècle, lui aussi) : « Désormais, moins on connaîtra de détails sur les exploits contemporains, mieux cela vaudra.. ». Façon de culpabiliser ceux qui auront d’envie d’écrire après.  D’évidence, Tilman est embarrassé d’avoir à écrire, ou d’avoir écrit, ou d’avoir eu envie d’écrire.

Je voudrais dire, à ce point de ma contribution au hublog, que j’ai lu passionnément plusieurs livres sur les tentatives d’ascension des

8000 mètres

de l’Himalaya.  Je sais combien il est parfois difficile d’écrire et je suis reconnaissante à ces alpinistes d’avoir pris le temps de prendre des notes, de les mettre en forme  et de les publier.

Il y a la télé ou les journaux, direz-vous ?  Les professionnels de l’information et de l’écriture ? Ce n’est pas pareil.  Tilman a échoué dans sa tentative. On n’en parle rarement à l’occasion des anniversaires de la « conquête » de l’Everest. Ce récit de Tilman est  unique et à ce titre irremplaçable dans l’aventure humaine.  Modeste, et soucieux de la protection de l’environnement littéraire, il écrit : « Les livres, bien qu’ils durent plus longtemps, sont une forme de publicité moins néfaste que les articles de journaux, parce qu’ils ont peu de lecteurs ».

Pourquoi écrire alors qu’on pourrait ne pas le faire ? 

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