Bouffe interplanétaire
Lors d’un très long voyage, il faut penser à plein de chose. Et à une en particulier : la bouffe. Ah oui, en plus il faut penser à la psychologie des spationautes, et prévoir des toilettes.
Ben oui, ça paraît évident mais la bouffe, c’est indispensable. Et
quand on envisage le voyage vers Mars, par exemple, et que le temps
nécessaire pour rallier cette merveilleuse planète est de 6 mois, ça
fait une sacré quantité de nourriture.
Plus précisément 22 tonnes pour un équipage de 6 personnes. Sachant que
chaque kilo embarqué vers la planète rouge revient à 20 000 €, ça fait
vite cher le paquet de chocolat pour accompagner le café... Certes, on
peut déshydrater, lyophiliser les aliments, ce qui fait passer à 2
tonnes le total nécessaire pour se remplir la panse. Mais cela ne fait
que déplacer le problème : pour rendre mangeable les petits plats
lyophilisés, il faudra prendre de l’eau. Précisément 20 tonnes, si on
fait le calcul.
Sauf que les 20 tonnes d’eau n’ont pas besoin d’être présente dans leur
intégralité ; en effet, il est peu probable que les voyageurs se paient
un gueuleton d’enfer et bouffent leurs réserves d’un coup. Ils vont
plutôt prendre chaque jour une ration précise, ce qui permet de
n’utiliser quotidiennement qu’une petite quantité d’eau. Et là,
l’astuce est de recycler toute l’eau, ce que les Russes avaient fait
dans leurs stations spatiales. Eau de la respiration, eau des
ablutions, eau des excréments... traquer la moindre molécule d’H2O pour
la réutiliser.
C’est exactement ce qu’imaginent les ingénieurs qui réflécissent au
voyage vers d’autres planètes. A un détail près : ils ne comptent pas
recycler l’urine. Non pas que ce ne soit pas possible, mais ils
craignent que ça ne soit pas psychologiquement bon. A tourner pendant 6
mois dans un vaisseau étriqué, sans trop rien à faire, penser que ce
qu’on mange a été humidifié par l’eau recyclé de l’urine, ça doit
peser. Mais c’est dommage, on aurait pu imaginer des dialogues du
genre : "Dis donc, Jack, faudrait voir à se décoincer, parce que si tu
continue à te retenir, on aura pas assez d’eau pour le cassoulet de
dimanche" ou encore "ho la la les gars, je me suis lâché, on peut en
prendre un peu plus ce midi." Et peut-être serait apparue l’expression
"pisser dans un chaudron", antithèse de "pisser dans un violon".